lundi 29 janvier 2007

Quelques réflexions autour de la peine de mort

Certains se sont réjouis, d'autres ont "pris note", d'autres encore ont regretté l'exécution de Saddam Hussein.

Maintenant que la polémique commence à retomber, lentement des éléments d'information intéressants remontent sur la réalité des tractations politiques, les questionnements américains.

Mais que reste-t'il de tout cela?

Probablement un certain malaise. Les adversaires de la peine de mort se disent que si quelqu'un la méritait, c'était bien lui, mais néanmoins par principe ils condamnent l'exécution. En tout état de cause, il se trouve des partisans et des opposants pour regretter que l'exécution ait pris cette forme déplorable, et surtout que Saddam Hussein ne puisse pas répondre de tous les autres actes qui lui sont encore imputés.

Voilà qui contribue à aggraver le discrédit porté sur la justice à laquelle il a eu droit. Chacun être humain, quoi qu'il ait fait, a droit à une justice digne de ce nom.

Cela étant dit, s'agissant maintenant de la peine de mort dans l'absolu. Suis-je pour? Contre? Pour dans des circonstances aussi particulières? Contre par principe?

Aujourd'hui je suis contre!

Mais alors, me dirons certainement quelques esprits chagrins, assurément bien intentionnés, comment peux-tu être baha'i et contre la peine de mort lorsque dans le Kitab-i-Aqdas, le Livre le Plus Saint, ouvrage fondamental pour les baha'is, il est écrit au verset 62 (trouvable ici) :
"Si quelqu'un détruit intentionnellement une maison par le feu, vous le brûlerez aussi; si quelqu'un ôte délibérément la vie à un autre, vous le mettrez à mort lui aussi. Attachez-vous de toute votre force et de tout votre pouvoir aux préceptes de Dieu, et abandonnez les voies de l'ignorant. Si vous condamnez l'incendiaire et le meurtrier à un emprisonnement à vie, ce sera permis suivant les clauses du Livre. Il a, en vérité, le pouvoir d'ordonner ce qui Lui plaît."

Certes, leur répondrai-je : vous avez raison, cela est bel et bien écrit. Permettez-moi néanmoins de m'en expliquer.

Tout d'abord, cette règle est destinée à s'appliquer à une époque dans laquelle la société humaine aura, de son propre choix, démocratiquement, décidé de se soumettre à une telle règle. Dans un tel contexte, la justice ne sera plus ce qu'elle est. De même, l'acceptation (toujours volontaire) par une société par définition croyante d'un tel message dans lequel un rôle très important est accordé à la crainte de Dieu change radicalement ce même contexte.

A cela s'ajoute, toujours à placer dans son contexte (sur l'importance duquel j'ai déjà écris en d'autres lieux), que les écrits baha'is (et notamment la note 87 annexée au Kitab-i-Aqdas - toujours trouvable ici) dis en substance que si un innocent venait à être tué, il serait assurément récompensé dans l'autre monde. Il va s'en dire qu'un tel argument n'est pas très porteur de nos jours.

Enfin, et il est important de le noter, le verset lui-même fait référence à la possibilité de commuer une peine capitale en prison à vie. La note 87 annexée au Kitab-i-Aqdas - toujours trouvable ici apporte encore quelques précisions :

"Shoghi Effendi, en réponse à une question posée sur ce verset de l'Aqdas, affirma que bien que la peine capitale soit autorisée, une alternative "l'emprisonnement à vie" a été prévue, "par laquelle les rigueurs d'une telle condamnation peuvent être sérieusement atténuées". Il déclare que "Bahá'u'lláh nous a donné un choix et, de ce fait, nous a laissés libres d'utiliser notre propre sagesse dans certaines limites imposées par sa loi". En l'absence de guidance spécifique quant à l'application de cet aspect de la loi bahá'íe, il appartient à la Maison Universelle de Justice de légiférer sur le sujet dans l'avenir."
Chacun est libre d'avoir sa lecture et sa compréhension de cela. Personnellement j'aime assez à lire ces textes en combinaison avec le verset 73 du Kitab-i-Aqdas :

"Que nul ne se dispute avec un autre et qu'aucune âme n'en mette une autre à mort; voilà en vérité ce qui vous fut interdit dans un Livre caché dans le tabernacle de gloire. Quoi ! Tueriez-vous celui que Dieu anima et que, d'un souffle, il dota de l'esprit ? Grave serait alors votre offense devant son trône !"

En résumé : dans le contexte de notre société actuelle, je suis, à titre personnel, résolument contre la peine de mort.

Pour le reste : qui vivra verra!

Aucun commentaire: