Partout en France se sont tenues ce week-end des élections.
"Ah bon?" me direz-vous, "je n'en ai pas entendu parler..."
Dans les médias c'est certain, mais
ici par exemple, vous auriez pu en entendre parler.
Il s'agissait de l'élection des "délégués", 57 personnes, baha'ies, élues dans des circonscriptions électorales, qui vont, fin avril, élire la prochaine Assemblée spirituelle nationale des baha'is de France.
Chaque délégué est élu par environ 35 électeurs (ce qui doit plus ou moins être le prorata pour la délimitation des circonscriptions électorales, sachant que certaines, comptant donc autour de 70 électeurs, élisent deux délégués.
Ce fut le cas de ma circonscription que l'on pourrait qualifier de Paris-Sud, circonscription dans laquelle j'ai eu l'honneur d'être élu.
Ce n'est pas tant l'élection qui est notable, mais la manière dont elle se passe. Comme dis, la circonscription comptait environ 70 personnes et le nombre de voix que j'ai recueilli est ridiculement petit comparé au nombre d'électeurs sur les listes, et même comparé au nombre d'électeurs ayant voté, dans les deux cas, loin, très loin, d'une quelconque majorité.
C'est là une spécificité des élections baha'ies, et cela vaut pour toutes les élections, locales comme celle là, mais aussi pour les élections nationales et internationales.
Sans candidats, sans aucune campagne, sont élus, ceux que la prière et la méditation ont appelé le plus grand nombre d'électeurs à soutenir.
Mais alors, comment un tel système peut-il être démocratique? Comment est-il possible de connaître tout le monde?
L'ensemble du message baha'i, et les activités actuelles de la communauté baha'ie, sont tournées vers la reconstitution du tissu social de proximité, et donc vers le fait de connaître ses voisins, ses proches.
Par ailleurs, le système baha'i n'est pas à proprement parler démocratique. Il s'agit, selon les écrits de Shoghi Effendi, le Gardien de la foi baha'ie, d'un système s'inspirant à la fois de la démocratie, de l'autocratie, de la royauté et de la théocratie, en en rejetant les côtés nocifs, et sans en faire une simple synthèse.
Tout ces systèmes ont montré leurs limites dans l'histoire, le système proposé est différent.
Ce qui est démocratique dans les élections est le caractère libre, secret, mais ce tableau serait incomplet en ignorant l'aspect spirituel de l'élection, le fait que le choix des personnes pour lesquelles l'on vote doit se faire dans un état de prière et de méditation.
Par certains aspects le système proposé est théocratique, du fait du rôle de la religion. Mais les écrits baha'is sont formels, et promeuvent un système de gouvernement séculaire même si la religion doit jouer un rôle dans la société (ce sujet fera l'objet de billets ultérieurs...).
Certains aspects ressemblent à de l'autocratie, ou à de la royauté héréditaire si l'on en juge par le rôle de la descendance de Baha'u'llah dans l'histoire de la foi baha'ie jusqu'à Shoghi Effendi, et par le rang accordé aux Souverains dans les écrits baha'is. Et pourtant, il ne s'agit certainement pas d'une monarchie.
Mais pour en revenir aux élections.
Toujours selon Shoghi Effendi les électeurs doivent prendre en compte notamment
"leur capacité réelle et à leurs réalisations actuelles et seuls ceux qui sont les plus qualifiés, qu'ils soient hommes ou femmes, et sans qu'il soit tenu compte de leur situation sociale, devraient être élus". Ils doivent
"élire des âmes fidèles, sincères, expérimentées, capables et compétentes".
Voilà qui est effrayant, car je doute que je remplisse ne serait ce que le début du commencement d'un seul de ces critères, en tout cas au regard du haut standard posé.
Mais les baha'is ne sont pas des gens qui atteignent le haut niveau d'exigence posé. Ils ne font que s'efforcer de l'atteindre en permanence, sachant que cela n'est de toute manière pas possible dans ce monde.
C'est donc consciencieusement, que je vais m'efforcer de remplir au mieux ce rôle important et participer à l'élection de la prochaine Assemblée spirituelle nationale qui, à son tour, au printemps prochain, se rendra à Haifa (Israel), pour élire la prochaine Maison universelle de justice (Organe international des baha'is, qui pour sa part est élue tous les cinq ans).