mardi 13 février 2007

Sommes nous responsables de nos actes?

Intrigué à la lecture d'une série de billets de Pipoki s'intéressant au libre-arbitre, à la morale, au mérité etc...je me suis posé la question de mon approche face à ces questions, approche nécessairement influencée par mes convictions religieuses.

Tout d'abord, sommes-nous responsables de nos actes? A première vue, il semblerait que oui...

O fils de l'existence ! Fais ton examen de conscience chaque jour avant d'être appelé, car la mort fondra sur toi sans prévenir et tu seras invité à rendre compte de tes actes. (Parole Cachée 1:31)

La responsabilité implique que l'on puisse choisir. Comment pourrait-on être responsable si l'on ne décide pas d'agir d'une manière où d'une autre, si l'on ne dispose pas de libre-arbitre?

Sur ce point, les Extraits des Ecrits de Baha'u'llah apportent des éléments de réflexion utiles (Verset 68).

Sache, ô fruit de mon arbre, que les décrets du souverain Dominateur des choses touchant le destin et la prédestination sont de deux sortes. Il faut les accepter et leur obéir. Les décrets de la première sorte sont irrévocables tandis que les autres se trouvent, comme disent les hommes, en suspens.

Aux premiers qui sont définitifs, tous se doivent soumettre, sans réserve. Non que Dieu n'ait pas le pouvoir de les changer ou repousser. Mais le mal qui résulterait de ce changement serait pire que l'accomplissement du décret primitif, c'est pourquoi chacun doit acquiescer de tout coeur à la volonté divine et s'y tenir en toute confiance.

Quant au décret qui se trouve en suspens, il est, celui-là, d'une nature telle que les prières et les supplications le peuvent détourner. Dieu veuille que toi, qui es le fruit de mon arbre, et ceux qui se joignent à toi puissiez être préservés de ses mauvaises conséquences !

Les décrets touchant le destin. Cela signifie t'il que tout est réglé? Pourquoi si tel devait être le cas en serait-il pas écrit "Les évènements de la vie sont de deux natures...".

De plus, si seule la prière PEUT détourner un décret divin dans certains domaines, si l'ensemble des décrets immuables et en suspens devraient couvrir l'ensemble de la vie, cela reviendrait à une négation absolue du libre-arbitre.

De quels actes faudrait-il donc faire le bilan chaque soir? Des prières pour détourner un certain décret? Décret qu'au demeurant il n'est pas possible de connaître à l'avance?

Quel intérêt présentent pour un croyant les actes dans ce monde? Si ce n'est d'acquérir des qualités pour la vie dans l'au-delà? Comment pouvons nous mesurer nos actes?

Là pour le coup, la réponse est claire :
Combien souvent il arrive qu'un pécheur atteigne, à son heure dernière, l'essence même de la foi, se décide finalement à boire à la coupe de l'immortalité et prenne son vol vers l'Assemblée céleste, alors qu'un dévot croyant, à l'heure fixée pour l'ascension de son âme, tombe au contraire, par suite d'un changement radical, dans les derniers degrés de la géhenne. (Verset 125 des Extraits des Ecrits)

Pour résumer...nous savons qu'il faut faire un examen de conscience quotidien ce qui pousse à croire à un certain libre-arbitre, mais ne savons pas vraiment sur quels critères ce qui en limite nécessairement la portée. Il est possible de s'interroger sur la part de notre vie qui est pré-écrite ou non et de surcroît, même la décision finale n'est pas nécessairement dépendante des bonnes ou mauvaises actions.

Quelle conclusion en tirer? Baha'u'llah continue :
"Notre intention, en révélant ces substantielles et convaincantes paroles, est de persuader celui qui cherche la vérité, qu'il doit tenir pour transitoires, voire pour un pur néant, toutes choses autres que Dieu qui est l'Objet de toute adoration." (Verset 125 des Extraits des Ecrits)

Voici donc le fin mot de l'histoire : la crainte de Dieu!

A mon sens, nous sommes responsables de nos actes, nous avons un marge de manoeuvre et une influence sur nos vies...

Les Ecrits baha'is sont pleins d'appel à l'initiative et à la responsabilité individuelle. Un extrait intéressant des Causeries d'Abdu'l-Baha à Paris est à cet égard intéressant :
"Je vous encourage fortement à ne pas laisser vos coeurs enchaînés par les choses matérielles de ce monde; je vous adjure de ne pas demeurer allongés complaisamment sur le lit de la négligence, prisonniers de la matière, mais bien de vous lever et de vous libérer de ses chaînes." (Causeries d'Abdu'l-Baha à Paris)
Simplement, nous devons toujours garder en mémoire que nous n'avons pas la compétence de juger de la qualité ou non de nos actes. Nous avons la possibilité de la mesurer, des règles, des obligations nous indiquent une marche à suivre, une ligne rouge à ne pas dépasser, ou parfois seulement des voies possibles, mais malgré cela, Lui seul garde le dernier mot.

Nous sommes doués de raison, capables d'influencer le cours de nos vies (dans une certaine mesure), nous nous devons d'agir, nous sommes responsables de nos choix, capables de les évaluer, mais non compétents pour en tirer les conséquences : voilà à mon sens une approche de la crainte de Dieu.

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